Trois mois après les émeutes violentes qui ont agité le Kazakhstan , le président Kassym-Jomart Tokaïev, semble avoir décidé de lancer un certain nombre de réformes constitutionnelles. Lors d'une intervention ce mercredi devant le Parlement, il a indiqué plusieurs pistes qui doivent être rapidement examinées par le gouvernement.

Dans son discours à la Nation, Kassym-Jomart Tokaïev, affirme notamment vouloir limiter les prérogatives de la fonction présidentielles et donner plus de poids au Parlement. Et tourner ainsi le dos à certaines pratiques qui avaient permis à son prédécesseur, Noursoultan Nazarbaïev, de consolider son pouvoir.

S'adressant ce mercredi devant le parlement, le président Tokaïev a avant tout insisté sur le fait qu'il souhaitait réformer les pouvoirs du président pour développer un système politique où le Parlement aurait un poids plus important.

Dans ce but il propose notamment que le président en exercice ne puisse pas être membre d'un parti politique. Il a aussi avancé les pistes d'une réforme de l'élection des parlementaires. En réduisant notamment le nombre de députés ou sénateurs nommés directement ou indirectement par le président. A l'avenir, 70 % des parlementaires seront élus au scrutin proportionnel, 30 % au scrutin majoritaire.

De même, afin d'assurer une plus grande pluralité de la vie politique du pays, il propose de faciliter l'enregistrement de nouveaux partis. En réduisant le nombre minimum requis de militants qui passerait de 20.000 aujourd'hui à 5.000. Il a aussi annoncé la recréation de trois provinces qui avaient fusionné avec d'autres au début des années 90.

Il a aussi souhaité le rétablissement de la Cour constitutionnelle, allant même jusqu'à juger que le Procureur général et le Commissaire aux droits de l'homme devraient avoir la possibilité de saisir celle-ci.

Lutter contre la corruption et les privilèges

Autre chantier mis en avant par le président : la lutte contre la corruption et notamment ceux qui profitent de leurs relations familiales bien placées pour s'octroyer des postes privilégiés, tant politiques qu'économiques. Le président Tokaïev a ainsi souhaité que la loi interdise à l'avenir aux proches du président d'exercer des responsabilités politiques ou bien encore d'occuper des postes de direction dans une entreprise publique.

D'ores et déjà, cette lutte contre la corruption associée est en oeuvre. La police a ainsi arrêté la semaine dernière l'un des neveux de Noursoultan Nazarbaïev dans le cadre d'une enquête sur des détournements de fonds, tandis qu'un homme d'affaires lié à la famille de l'ancien président a également été arrêté.

En tout état de cause, le président Tokaïev semble vouloir aller vite dans ces réformes qui sont critiquées par l'opposition. Une réunion exceptionnelle du gouvernement est prévue dès le 18 mars. Avec pour objectif, selon le communiqué publié par la présidence, de se concentrer sur « les mécanismes à mettre en oeuvre » afin d'enclencher les réformes annoncées ce mercredi.

Claude Fouquet

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